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Acidité Morose
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18 décembre 2008

"Rendez-nous la liberté de nos pensées!"

"Il y a quelque chose de pourri dans ce monde..."
Hier Mephisto for ever et c'était quelque chose. Une attaque sans fausse note, une dissection subtile de la faiblesse humaine, un mémorial fracassant; et puis la fin qui disait la même chose que le début.

Maintenant si l'on regarde le monde on se fatigue vite. "Il y a quelque chose de pourri". L'apathie du monde moderne est affligeante. Assise sur le quai je regardais défiler les gens, tous identiques, qui arrivaient en masse, tous ensemble, s'entassaient dans le tram, tous ensemble, et laissait place nette. Je regardais le quai d'en face, vide après le départ, se remplir à nouveau et c'était les mêmes qui revenaient encore, sans cesse, les mêmes anonymes aux visages figés dans leur solitude respective; les mêmes filles aux visages un peu vulgaire et toutes vêtues pareil; les vieux et ceux qui l'étaient un peu moins et qui se ressemblait tous.
J'ai fini par monter aussi, poussée par le froid. Et chaque fois que la rame s'arrêtait c'était les mêmes qui montaient, les mêmes qui descendaient. Tant de gens et si peu de visage.
J'observe les filles dans la rue et leur vulgarité, leurs traits tordus par une rancœur stupide, leurs bouches qui crachent des glaires et des mots, leurs cheveux tous coiffés pareils, leurs maquillages identiques, leurs vêtements à l'horrible mode de l'année. Je les regarde et je me demande si moi aussi je ressemble à ça. Au fond je crois que je ressemble à ce qu'elles méprisent autant qu'elles ressemblent à ce qui me dégoute.
Je regarde les gens dans les rues. Les fumeurs qui courent en tirant sur leur clope. Les fumeurs qui tirent plus fort sur leur mégot pour le finir, vite, avant d'entrer dans le bus. Les gosses accrochés à leur cigarette et qui ne savent pas fumer. Je regarde les gens dans les rues. Les gars d' "aides" qui se traînent avec leur paperasse sans trouver de quidam à importuner. Les roots de "médecins sans frontière" que l'on écarte d'un geste parce qu'il est question d'argent à donner. Les lycéens qui font signer des pétitions pour leur avenir au troisième âge. Comme s'il en avait encore quelque chose à faire, le troisième âge, de l'avenir de la jeunesse. Je regarde les gens dans la rue. Les regards qui se vident dès que tu interpelles aussi poliment que ce soit, comme si simuler l'absence de vie pouvait protéger leur porte-monnaie, et qui se rallument dès qu'ils réalisent qu'il est seulement question d'une rue à indiquer. Les jeunes qui font la manche comme s'ils n'avaient pas l'âge de travailler; et ceux qui ne sont plus tout à fait assez jeunes pour trouver un chapon; celui qui déguise son chien en père Noël pour gagner la pitié du passant, et ça marche; celle qui a juste un morceau de carton et la foutue phrase "j'ai faim". On ne sait pas trop comment s'y prendre avec eux, c'est comme si ne pas les regarder était un crime alors qu'on ne regarde personne.

"Il y a quelque chose de pourri dans ce monde". Les jamais satisfait qui continuent à manifester alors que leur mouvement a déjà abouti. Et le plus drôle c'est que l'on sait nous, ceux qui ne sont pas encore trop vieux pour parler sans savoir, qu'au fond ils s'en foutent les lycéens de cette réforme et que tout ce qui les intéresse c'est d'avoir une excuse pour sécher quelques cours, c'est d'avoir une chance de passer dans les journaux ou mieux encore à la télé, c'est de participer à l'imbécile excitation des manifestations, c'est crier très fort devant la gueule des policiers, c'est ne pas retourner en cours avant les vacances. On sait nous, depuis nos salles de concours, que ceux qui les mènent ce ne sont pas ceux qui ont le plus grand intérêt dans les études, que ce sont ceux qui ne sont déjà plus tout à fait ou plus du tout au lycée, que ce sont de beaux parleurs, de ceux qui retournent leur veste une fois atteinte la trentaine. Mépris pour la faiblesse humaine. Et puis les autres qui appellent à la manifestation, les parents d'élèves qui n'y connaissent rien, qui ferait mieux de s'occuper de leurs enfants avant de s'occuper de la politique scolaire, les parents d'élèves qui pour une fois ne crachent pas sur les profs, c'est bien quand ça les arrange.

Fatiguée de toute ces vénalités. La prochaine fois on dira un mot sur le président et les ministres de l'éducation; un mot sur le culture qui ferait aussi bien de rester élitiste, ça obligerait le peuple à s'élever un peu; un mot sur le machisme religieux, sur la faiblesse masculine en général; un mot sur la liberté qu'on perd; un mot sur le communisme et le fascisme qui sont tous les deux totalement "has been"; un mot sur l'incapacité de l'Homme à évoluer; un mots sur les sciences qui vont trop loin; un mot sur ceux qui ne veulent pas mourir, un sur ceux qui ne veulent pas laisser les autres en paix, un sur ceux qui veulent mourir pour de bonne ou mauvaises raisons...

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