Embrasse-moi.

Fermer les yeux. Faire comme si le temps qui passait n'existait pas. Laisser tomber goutte à goutte l'agacement et l'ennui, dilapider les sentiments qu'on avait, s'égarer sur des voies sans issues. J'ai nos rires qui résonnent à mes oreilles. Je compte mes absences, mes absents, je n'ai plus assez de doigts, je n'en ai jamais eu. Moi je reste là. Je suis celle qui s'en va mais qui ne part jamais, qui reste là. Je suis une évidence.

Partir. Les lèvres tracent sans cesse ce mot. En vain.

Il reste les pétales de roses, les vieilles pièces où tintent les souvenirs, et les bouts de verre. Personne ne sait, personne ne voit, les morceaux de verres qui traînent dans la chambre.
Les objets manquent aussi, des vides qu'on comble par le souvenir.
Novembre plombe tout. Du gris jusque dans la bouche, dans le ventre, dans les yeux. Le retour du noir.

(Là je ne te comprends plus. Faudrait peut-être m'expliquer. Si tu veux pas tant pis, je ne vais pas chercher.)