Thé noir et nuits blanches.
Je change souvent de noms, pour rien, pour passer le temps. Je décline à l'infini pseudonymes et surnoms, j'utilise un prénom ou un autre selon mes envies. Rien que des prénoms de reines.
Avec la même régularité je change de blog, je crée des pages à l'infini, j'étends une toile d'images et de mots sur le net. De rêves et de maux.
L'idée c'est de vivre, de vivre longtemps. Avant je voulais vivre à n'en jamais crever. Maintenant j'en suis parfois à vouloir crever à n'en jamais vivre. Et puis ça passe vite, j'attrape un malheur pour me réchauffer et je passe mes nuits blanches à boire du thé noir. Un cocon d'abeilles et de lys. On y peut rien aux rêves, ça survit malgré nous même quand on les a tous brisés, méthodiquement un à un. L'adolescence sert à ça, à mettre un grand coup de pied dans le miroir aux alouettes pour pouvoir se foutre de la gueule du monde. Quand c'est bien fait c'est beau la rage des adolescentes. On ne comprend pas tout à fait les garçons et leur sensibilité précaire alors on attend de voir si ils vont tout détruire ou prendre le regard ombrageux des romantiques.
On a passé l'adolescence à rire et à pleurer parce qu'on pensait qu'ensuite on ne pourrait plus, parce qu'on était persuadé qu'un jour, après toute cette colère, il faudrait bien devenir sage pour pouvoir faire grandir les autres. Mais à force de grandir et de contempler ceux qui l'avaient déjà fait on ne croit plus à rien. On continue à rire pour ne pas mourir et on essaye d'arrêter de pleurer mais on y arrive moins bien. A la sagesse de ceux qui ont déjà vécu on y croit plus du tout, enfant les adultes on les méprisait déjà. C'est brutal la jeunesse, c'est sur de son bon-droit et ça se croit tout permis parce que c'est jeune. Peut-être que c'est vrai, c'est à cet âge là qu'il ne faut croire à rien...
Pitié pour ceux qui n'ont dans la tête que du précuit.
Et gloire à ceux qui n'en finissent pas de vivre la nuit?
Tout ce que l'on peut dire est faux. Faux parce qu'il faudrait dire "moi je" seulement ou décliné tous les genres et toutes les particularités de tous les terriens. Si on dit "moi je" on est rayé de la carte et mis au ban des égoïstes, égocentriques et autres personnes qui pensent à elles avant les autres (et qui font bien). Si on décline les tous des tous de tout, on n'en aura jamais fini.
Six milliards d'êtres humains sur Terre c'est beaucoup trop pour laisser vivre chacun.
Mais on ne hait pas la race humaine. On se hait soi. Mais de moins en moins, on se prend en pitié maintenant qu'on a toutes ces blessures et que chaque minute qui passe retourne le couteau dans la plaie.
(J'aurai aussi pu appeler cette note "dissertation sur la jeunesse et le genre humain".)